samedi 19 janvier 2008

La Syphonnée Fantastique


C'est le nom que lui donne les musiciens de l'orchestre de Paris, entre eux, pour rire. J'ai pris la liberté de choisir l'orthographe à mon goût. Je crois, comme eux, que l'on peut railler - gentillement - les plus grands, et que plus grande est l'admiration, plus cynique sera le trait d'humour qui s'y réfère. Raymond Devos disait souvent qu'on "peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui".

Lecteur, regarde le petit Hector, et dis-moi : vois-tu déjà, dans le regard de l'enfant, l'amant fou et le compositeur acharné ?

Je ne me lasse pas de lire le programme de cette symphonie.
"L’auteur suppose qu’un jeune musicien, affecté de cette maladie morale qu’un écrivain célèbre appelle le vague des passions, voit pour la première fois une femme qui réunit tous les charmes de l’être idéal que rêvait son imagination, et en devient éperdûment épris. Par une singulière bizarrerie, l’image chérie ne se présente jamais à l’esprit de l’artiste que liée à une pensée musicale, dans laquelle il trouve un certain caractère passionné, mais noble et timide comme celui qu’il prête à l’être aimé..."

Si l'on cite souvent ce texte, si l'on écoute souvent d'une oreille distraite cet "Episode de la vie d'un artiste", on oublie parfois que Berlioz fût longtemps mal-aimé du public français. Paradoxalement, c'est à la cour du Tsar qu'il eut l'occasion de faire valoir son génie de l'orchestration.

"Déjà, je sens se mettre en jeu, malgré moi, la singulière faculté dont je suis doué, de penser la musique si fortement, que j'ai pour ainsi dire à mes ordres des exécutants imaginaires qui me meuvent comme si je les entendais en réalité." (Retour à la vie, Mélologue faisant suite à la symphonie fantastique. Disponible sur Gallica, le site de la BnF).

Voici le quatrième mouvement.



J'espérais enfin exister, enfin traduire mon amour par des mots. Espoir déçu. Pour moi le point d'orgue fût celui de la marche au supplice. J'ai pansé et guéri cette plaie, reste à accomplir le retour à la vie. En attendant, la syphonnée, c'est moi, et le fantastique, j'ose espérer que c'est pour bientôt !

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